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Une vague migratoire tragique de mineurs marocains vers l'Espagne soulève des questions

Depuis quelques semaines, une vague migratoire continue de mineurs marocains vers les côtes espagnoles a été observée, suscitant des images poignantes et alarmantes. Ces jeunes risquent leur vie en traversant la mer à la nage pour atteindre la ville de Sebta, occupée par l'Espagne. Cette tendance croissante soulève des interrogations sur les raisons qui poussent ces mineurs à entreprendre un tel périple.


Les images spectaculaires témoignent du courage de ces jeunes marocains luttant contre les vagues pour atteindre Sebta. Sur les soixante migrants arrivés fin février, plus de vingt étaient des mineurs. Face à cette situation, le Professeur Mohamed Ben Aissa, spécialiste en sociologie et Président fondateur de l'Observatoire Nord des Droits de l'Homme (ONDH Maroc), apporte son expertise dans une interview exclusive accordée à Hespress.fr.


Sebta a longtemps été un point de passage important entre le Maroc et l'Espagne, mais la militarisation des frontières complique désormais les choses. L'influence croissante des réseaux sociaux, où les réussites en Espagne sont partagées, incite les jeunes à tenter la traversée malgré les risques et les drames réguliers. L'attrait de l'Espagne persiste en raison de la proximité géographique, des lumières de la rive sud espagnole visibles depuis les côtes marocaines, de la proximité de Sebta occupée et de la forte communauté marocaine en Espagne.


Le professeur Mohamed Ben Aissa souligne également l'importance de la pression familiale et du désir de rejoindre des membres de la famille légalement installés à Sebta. Cependant, parmi les mineurs, nombreux sont ceux qui sont considérés comme des enfants nés hors mariage et livrés à eux-mêmes sans famille. Leur principale motivation devient souvent la recherche de meilleures opportunités économiques en Europe.


Interrogé sur la surveillance renforcée des côtes marocaines en 2023, Ben Aissa critique une approche inefficace malgré le financement de l'Union européenne. Il appelle à une responsabilité partagée, soulignant que l'Europe doit revoir ses politiques migratoires et envisager une plus grande liberté de circulation pour les Marocains.


Le professeur Mohamed Ben Aissa révèle qu'un jeune candidat à l'exil illégal a récemment divulgué l'emplacement de six plages d'où partent régulièrement des migrants, principalement des mineurs, malgré les mesures de sécurité prises par les autorités marocaines. Il est important d'évaluer l'efficacité de ces mesures, car approcher les plages ou la frontière de Sebta avec un renforcement de la surveillance est une véritable prouesse.


La plupart des migrants qui bravent ces dangers doivent nager sur une distance de plus en plus longue, souvent plus de 10 km. La natation prend en moyenne au moins une heure. Chaque opération nécessite un équipement complet de plongée, y compris une combinaison de plongée. Les autorités ont identifié quelques magasins spécialisés dans la vente de ces équipements et ont procédé à des saisies.


Dans ce contexte, un deuxième plan a été élaboré par les passeurs, qui nécessite d'escorter les candidats à l'exil avec des plongeurs spécialisés. Ces "escortes" demandent une commission financière pouvant atteindre environ quatre-vingt-dix mille dirhams. Malgré la distance à parcourir, ces méthodes sont couramment utilisées de manière autonome. Cependant, l'aventure peut souvent mener à des tragédies en l'absence de mesures de sécurité adéquates. Selon le Président fondateur de l'Observatoire de l'ONDH Maroc, le nombre de décès depuis janvier dépasse largement les estimations, dépassant même les cent cinquante cas et pouvant atteindre les 250.


Lors de discussions et de séminaires, en tant que président de l'Observatoire du Nord pour les droits de l'homme et en tant que professeur dans la région, Mohamed BenAissa souligne l'urgence d'agir pour prévenir ces tragédies et appelle à une coopération internationale plus étroite pour trouver des solutions durables à cette situation.


Il est crucial de comprendre les motivations qui poussent ces jeunes mineurs à prendre de tels risques. Outre les conditions socio-économiques difficiles au Maroc, la pression familiale et le désir de rejoindre des proches déjà établis à Sebta occupent une place importante dans leur décision de partir. Cependant, il est essentiel de souligner que les mineurs non accompagnés, considérés comme des enfants du "péché", sont particulièrement vulnérables et cherchent souvent des opportunités économiques meilleures en Europe.


La réponse actuelle des autorités marocaines et européennes à cette vague migratoire tragique est critiquée pour son inefficacité. Les mesures de surveillance renforcées n'ont pas réussi à dissuader ces jeunes de tenter la traversée, mettant ainsi leur vie en danger. Il est donc urgent de repenser les politiques migratoires et de promouvoir une plus grande liberté de circulation pour les Marocains afin de réduire les risques liés à ces migrations clandestines.


En conclusion, la vague migratoire tragique de mineurs marocains vers l'Espagne soulève de nombreuses questions sur les raisons de cette tendance croissante. Les jeunes mineurs, en quête d'une vie meilleure, risquent leur vie en traversant la mer à la nage pour atteindre Sebta occupée. Il est essentiel de prendre des mesures concrètes pour prévenir ces tragédies et trouver des solutions durables pour répondre aux aspirations de ces jeunes en difficulté. La coopération internationale et une révision des politiques migratoires sont nécessaires pour faire face à ce défi humanitaire.

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